De longues enfilades de ruelles pavées, une végétation abondante qui s’élance à l’assaut des murs de pierre, des fontaines à l’eau claire et fraîche, et des façades aux couleurs criardes, voici ma sélection des plus beaux villages de Provence.
Tourtour, un véritable coup de cœur
Rien que le nom sonne comme un air de vacances. Ce village d’un peu moins de 600 habitant.es se situe dans le Var et son implantation en altitude (903 mètres au point le plus haut) lui vaut le joli surnom de « village dans le ciel ». Il est connu pour ses nombreuses fontaines intarissables, même au plus chaud de l’été. La place du village bourdonne tout au long de la haute saison : réunissant restaurants, cafés, bars, boulangerie et même quelques magasins, elle est accolée à un grand terrain de pétanque, qui se transforme en place de marché deux fois par semaine. Cette dernière offre une vue imprenable sur la vallée qui s’étale en dégradés bleu vert.

Tourtour, ce sont pour moi ces chaudes nuits d’été chargées des rires de la place centrale, les tuiles des toitures enflammées par les couchers de soleil, le babillage continu des fontaines. Ce sont aussi ces soirées animées par les cris des supporters, et l’espoir féroce de l’emporter face aux impitoyables Etats-uniennes. C’est enfin une marche à travers les ruelles chaudes, le cœur plein d’amertume. Les odeurs, les couleurs, les gens, les émotions, tout y semblait plus intense, plus réel qu’ailleurs. C’est peut-être cela pour moi le véritable charme de la Provence.

Près du terrain de pétanque, une table d’orientation permet de se repérer dans ces grands espaces et de situer tous les lieux remarquables de la région. Elle indique par exemple la direction des Gorges du Verdon, du lac de Sainte-Croix, du village de Moustiers-Sainte-Marie, ou encore les champs de lavande de Valensole. Si vous prévoyez d’arpenter la région, jetez un coup d’œil aux articles que j’ai consacrés à ces différents lieux 😉

Tout dans ce village semble être animé d’une vie propre, et fait pour charmer les yeux. La végétation s’immisce dans les moindres interstices de la pierre, n’hésitant pas à envahir les escaliers laissés à l’abandon. Les petites places ensoleillées regorgent de chats ronronnant au soleil. Ce village est un véritable labyrinthe lorsqu’on y débarque, mais à force de se perdre l’on finit par connaître les enfilades de ruelles, les escaliers dérobés et les porches qui se ressemblent. Le chant des fontaines se fait entendre partout, l’odeur des genêts sature l’air chaud, et il suffit de s’aventurer dans les champs pour entendre le chant des cigales. Vous l’aurez compris, j’ai découvert le paradis sur terre.


La fenêtre de ma chambre donnait sur la place du château et sa joyeuse fontaine. Le rez-de-chaussée du château, situé à l’entrée du village, abrite aujourd’hui un magasin de souvenirs dont la plupart sont fabriqués à la main.
Quant aux locaux, leur gentillesse m’a sidérée. Loin de se contenter de nous saluer (ce qui dans certaines villes est déjà un luxe), il s’arrêtaient en nous croisant pour demander de nos nouvelles, nous faisaient la conversation comme s’ils nous connaissaient depuis toujours, nous prodiguaient leurs conseils et proposaient souvent leur aide. J’ai été très touchée par leur bonne humeur et leur spontanéité.


Le village a trouvé son équilibre entre nature et présence humaine. Dans chaque rue, la végétation est laissée libre d’embellir les lieux, qu’elle soit à l’état sauvage ou contenue dans une multitude de pots. Elle s’élance partout pour habiller places et murs du village.
Tourtour possède également son propre moulin à huile d’olive, implanté au cœur du village. En activité de décembre à février, il fonctionne de manière traditionnelle, avec une presse à bras. Le reste de l’année, il accueille des expositions temporaires et l’office de tourisme organise des visites gratuites pour expliquer son fonctionnement.
Enfin, au détour d’une rue apparaît le panneau suivant : « Maison de trois niveaux la plus minuscule de France ». La fenêtre est laissée ouverte afin de nous permettre d’admirer le rez-de-chaussée aux allures de maison de Hobbit. Les amateurs.rices de Tiny house seront aux anges !

Enfin, si vous aimez les randonnées, de nombreux sentiers partent du village pour s’enfoncer dans la nature. Un camp de scouts est d’ailleurs implanté à proximité (pas de panique donc si vous entendez des cris d’indiens à la tombée de la nuit 😉 ).
Une courte randonnée mène à la tour de Grimaldi. Construite au 12ème siècle, elle constitue l’édifice le plus ancien du village. Cette tour défensive de pierre calcaire, ornée de quelques meurtrières, ne compte pas de porte au rez-de-chaussée. Il fallait en effet se hisser au premier étage à l’aide d’une échelle pour espérer entrer à l’intérieur. Une fois dedans, la même échelle permettait d’atteindre le niveau zéro où étaient stockés les vivres. Frappée par la foudre et menaçant de s’écrouler, la tour a été rénovée en 2018.


Villecroze-les-Grottes
A quelques kilomètres de Tourtour et à 20km au sud des Gorges du Verdon, se trouve le village de Villecroze. Il est surtout connu pour ses grottes troglodytiques et sa cascade de 35 mètres de haut, qui attirent au plus chaud de l’été. Âgées de 700 000 ans, les grottes ont d’abord été façonnées par l’eau avant d’être aménagées par les humains. Elles se visitent d’avril à octobre pour un prix de quatre euros par personne. Vous pourrez alors profiter de leur fraîcheur et observer les nombreuses stalactites qui s’élancent des parois.


Une volée de marches s’élance du parc pour s’enfoncer dans la roche, et nous permet d’atteindre une balustrade en pierre. Sous nos yeux, le jardin arboré comporte plusieurs allées, quelques plantes grasses, et surtout divers bassins dans lesquels il est possible de se rafraîchir les orteils.

En dehors de son parc, Villecroze-les-grottes est aussi un charmant village. Très fleuries, plusieurs de ses ruelles sont surplombées d’arches de pierre successives, et sur chaque place un lavoir moussu offre son eau fraîche avec des petits mots de bienvenue. Avec ses façades colorées, il a tous les airs d’un village provençal typique.



Cotignac
Avant de vous présenter le village lui-même, un détour s’impose par la cascade de Sillans. Cette formidable chute d’eau de 42 mètres de haut se situe dans le petit village de Sillans-la-cascade auquel elle a, vous l’aurez compris, donné son nom. Divers sentiers boisés permettent d’accéder à ses eaux bleues, et une plate-forme métallique fixée en hauteur offre une vue plongeante sur le spectacle. En été, c’est le lieu idéal pour pique-niquer tout en profitant de la fraîcheur des gouttelettes projetées dans l’air.

Lové dans son écrin rocheux, Cotignac est bien vivant : les terrasses débordent de monde et des rires ricochent dans les rues. Mais les couleurs des murs sont délavées, les câbles électriques s’étirent en nombre entre les bâtisses. Des échoppes d’un autre temps, charmantes mains mal entretenues, nous présentent leur devanture. Cotignac semble suspendue entre deux époques. Tout en conservant son architecture et ses vieilles boutiques, elle gagnerait à repeindre ses murs de jolies teintes vives.

Suspendu à une large falaise de roche calcaire, le village est gardé par les vestiges d’un vieux château féodal, dont seules deux tours en ruines subsistent aujourd’hui (l’une d’entre elles est visible sur la photo ci-dessous). Autre détail valant le détour : un joli campanile, petit clocher à l’italienne, trône au sommet de la tour de l’horloge, sur la place de la mairie (photo de droite).

Formées par la rivière La Cassolle, aujourd’hui détournée, les falaises abritent une multitude de grottes emplies de stalactites, dont une cavité de 50 mètres de profondeur et d’un blanc éclatant surnommée la « salle des merveilles ». Au cours de l’histoire, elles ont servi de refuge aux habitant.es et au bétail face aux pillages.

L’ancien moulin à huile d’olive, baptisé le « moulin du Piquet » est aujourd’hui à l’arrêt mais très bien conservé. Actif jusqu’en 1890, il fut le dernier en fonctionnement dans la commune.

Ramatuelle entre fleurs et amphores
Avec ses minuscules ruelles envahies de végétation, ses innombrables amphores en terre cuite en guise de pots de fleurs, son jasmin et ses bougainvilliers roses lancés à l’assaut des murs, vous imaginez bien que le village de Ramatuelle occupe une place toute particulière dans mon cœur. C’est aussi là que j’ai goûté la tarte tropézienne (le village est situé à proximité du golfe de Saint-Tropez), ce qui n’a pu que renforcer mon amour pour la ville.

La géographie du centre de Ramatuelle, entièrement piéton, peut surprendre par sa disposition en escargot. Les ruelles forment des cercles concentriques reliés entre eux, le tout entouré d’une route accessible aux véhicules motorisés. Au détour des rues, des artisans vendent leurs créations, vous trouverez notamment une belle variété de savons.


Le village est aussi apprécié pour son emplacement en bord de mer. La plage de Pampelonne, située sur la presqu’île de Saint-Tropez, est la plus fréquentée. Elle offre une vaste étendue de sable blanc où s’allonger au soleil. Si vous préférez plutôt les espaces sauvages, la plage du cap Taillat vous charmera par son relief et sa végétation (photo ci-dessous). D’autres plages sont aussi accessibles tout le long de la côte comme la plage de Tahiti, celle de l’Escalet, la crique de la Douane ou encore la plage de la Bonne Terrasse. La bonne nouvelle étant que les animaux sont acceptés sur les huit plages de la commune. Vous pouvez retrouver plus d’infos sur les plages, les activités et les lieux à visiter sur le site de l’office de tourisme.

Gréoux-les-Bains
Pendant l’une de nos expéditions en quête de champs de lavandes, nous nous sommes aventurées jusqu’au village de Gréoux-les-Bains. Surtout connu pour sa station thermale, il possède un centre historique vivant, regroupant de nombreux commerces, cafés et restaurants, aux façades très colorées. J’ai pris peu de photos mais je garde un excellent souvenir de notre balade dans ses rues pentues.


A travers cette petite sélection personnelle et évidemment non exhaustive, j’espère vous avoir donné envie de découvrir à votre tour ces villages au charme si particulier. Chaque village a son caractère propre, lié à son histoire et à sa situation géographique. Dîtes-moi quel est VOTRE village provençal préféré et pourquoi ! Et bien évidemment n’hésitez pas à me faire un retour si vous visitez les villages présentés dans cet article 😊
Aaaah, ça donne envie d’y revenir…. Mais pas par 42° cette fois-ci ! Malheureusement il va falloir attendre quelques mois (à mon avis) avant de pouvoir bouger de chez nous, COVID 19 oblige.
Tant pour éviter l’afflux de touristes que les fortes chaleurs, c’est toujours mieux de partir hors saison !
Merci Eléa pour ce très beau reportage avec ces photos si évocatrices …
Que de beaux endroits dans le plus beau pays du monde ! Nous en connaissons certains puisque nous avons vécu à Toulon un moment, ce qui nous avait amenés à explorer bien de ces beaux sites (hors saison bien sûr …)
Un bémol toutefois : ce merveilleux Cap Tailla ! En Octobre, une fois les campeurs « sauvages » partis, toutes les branches des arbustes étaient décorées -à perte de vue- du papier hygiénique qu’ils y avaient laissé et qui s’est ensuite trouvé soulevé et propulsé par le mistral … Hé oui, par là ça souffle jusqu’à Saint Raphaël … Peut-être que des toilettes sèches confinées auront été installées depuis ???…. Très enrageant parce qu’il avait fallu vraiment crapahuter pour arriver en ce lieu magnifique -en dehors de ces décorations- …
Enfin, si je peux me permettre Eléa, prends soin de te relire, car les bougainvilliers des photos n’étaient pas de couleur rose -ce qui est rare – mais violet … Seul bémol, mais à relativiser, car pour le reste, on en prend plein les yeux !
Je viens de passer un très beau moment en savourant ces villages de Provence.
Je me demande comment as tu pu faire ces magnifiques photos des villages sans être importunée par des personnes passant devant l’objectif ou disséminées dans les rues. Hors saison ?
Merci!
Bonjour Gérald,
C’était en juin, quelques jours avant le début de la haute saison. Parfois un brin de patience est toutefois nécessaire pour prendre des photos sans touristes !
Merci pour votre retour, je vous souhaite une belle semaine.
Ta plume est vraiment affûtée j’ai l’impression d’être dans un roman de Balzac. Ca donne envie d’aller voir ces beaux villages, je ne connais que Ramatuelle et j’y ai même pas goûté la tarte 🙁
Keep up the good work :*
Hello Martine,
quel joli compliment, je suis encore loin de la plume de Balzac mais j’y travaille 😉 La tarte tropézienne ressemble à une galette des rois fourrée d’une crème pâtissière, la baroudeuse que tu es aura sans doute l’occasion de la goûter un jour ! A très vite j’espère.