Qui aurait pensé que le canyon naturel le plus étroit au monde se situe en France ? La classe non ? Les Gorges de la Fou, situées dans les Pyrénées Orientales, ont longtemps défié toute tentative d’exploration. Une passerelle d’1,5km, suspendue au-dessus du torrent, permet aujourd’hui de découvrir cette incroyable faille dont la largeur n’excède pas 80 cm par endroit.
Découverte du site
Les gorges de la Fou se situent sur la commune d’Arles-sur-Tech, à une heure de la frontière espagnole. Ces impressionnantes murailles, constituées de roches calcaires, ont été creusées par la Fou, ruisseau dont le nom catalan signifie « ravin, précipice » ou encore « passage étroit ». Les parois s’élèvent jusqu’à 205 mètres de hauteur, et le dénivelé du trajet sur la passerelle est de 157 mètres. Le parcours dure entre 2h et 2h30, mais vous pouvez le réaliser plus rapidement, ou prendre la journée entière pour visiter le site si le cœur vous en dit !
Avant de continuer, réglons tout de suite un détail. Si comme moi lors de ma visite vous vous demandez quelle est la différence entre un canyon et une gorge, il n’y en a techniquement pas. La seule différence est d’ordre linguistique : « canyon » provient de l’espagnol, tandis que « gorge » est un mot français. Tout simplement !
Mais passons à des choses moins sérieuses et découvrons tout de suite ce lieu incroyable !
Visite des Gorges de la Fou
Avant de démarrer :
Je préfère vous prévenir tout de suite : la température dans les gorges se situe entre 16 et 18 degrés. En apprenant la nouvelle, j’ai donc couru jusqu’à la voiture pour y récupérer un pullover, qui n’était pas de trop une fois à l’intérieur du canyon (oui j’emporte un pull en été quand il fait 38 degrés, je suis une meuf prévoyante). Un k-way pourra aussi vous être prêté si vous le demandez à l’accueil, ce que je vous recommande vivement. En effet, le passage s’enfonce parfois sous un plafond rocheux, d’où s’écoule une quantité d’eau suffisante pour bien vous tremper. Le port d’un casque est également obligatoire au cas où un énorme rocher dévalerait la pente pour venir s’écraser sur vous. Je plaisante. Le casque est une simple précaution, mais rassurez-vous, de grands filets sont tendus tout le long du trajet au-dessus de la passerelle afin de retenir les petits cailloux qui dégringolent du haut du canyon, comme celui-ci :
A la découverte des gorges !
A l’intérieur du canyon, l’atmosphère peut changer très rapidement, certains passages sont humides, la roche est à nu et notre regard est principalement attiré par le torrent qui file sous nos pieds. En d’autres endroits, une végétation luxuriante abonde, et l’on se retrouve en plein cœur des tropiques (non je ne suis jamais allée sous les tropiques, mais Google me souffle que les plantes y sont abondantes et d’une couleur aussi intense). J’ai adoré cette diversité de « paysages » découverts à chaque nouveau virage. Certains espaces sont assez vastes et ensoleillés, et le torrent y serpente entre de gros rochers moussus, tandis que d’autres sont très étroits. On s’enfonce alors sous d’énormes masses rocheuses et de l’eau ruisselle sur les parois (et sur nous à l’occasion), mais ces passages sont plus rares. Les cavités rocheuses offrent également des motifs originaux, comme le cœur sur la photo ci-dessous.
La végétation dans le canyon
Pour les passionné.e.s de botanique que vous êtes (si si c’est passionnant la botanique), de petits écriteaux sont présents tout au long du trajet, et vous donnent des explications sur les plantes rencontrées à votre passage. Notre regard est d’abord attiré par les abondantes fougères qui recouvrent les parois, mais on y trouve également de l’angélique sauvage, des lys roses et même la Ramondie des Pyrénées. Cette plante rare est considérée comme une espèce panchronique, c’est-à-dire qu’elle présente les mêmes caractéristiques que des espèces végétales uniquement connues à l’état de fossile, et éteintes lors de la précédente glaciation, en même temps que les dinosaures. Cette plante est donc une survivante sur notre continent ! Seules 4 autres espèces ont survécu à la glaciation et sont présentes dans la région tropicale des Balkans. Vous imaginez ?! Une plante du temps des dinosaures a survécu à la glaciation entre les parois de ce canyon !
Les mythes et légendes autour du canyon
Si mon petit bavardage botanique ne vous a pas transporté.e, imaginez les entrailles rocheuses résonner du rires de sorcières et de mauvais génies pendant la nuit. De nombreuses légendes parlent en effet de toutes sortes de créatures merveilleuses ayant élu domicile dans les Gorges de la Fou. Géants, dragon, ours des cavernes, mais aussi les « simiots » qui sont, dans la mythologie pyrénéenne et catalane, des créatures diaboliques au corps de lion et à tête de singe qui terrorisaient les habitants de la région, et dévoraient les enfants. D’autres mythes parlent de la dame blanche, mais laissez-moi vous raconter une histoire vraie.
En 1844, un groupe de bandits nommés les « Trabucayres » faisait rage sur les chemins en s’attaquant aux diligences. Ils s’aventurèrent un jour entre les parois abruptes du canyon, non aménagé à cette époque, pour échapper aux soldats qui les poursuivaient. Ces brigands furent arrêtés non loin de là, à Corsavy, et exécutés en 1846, mais on raconte que leur trésor ne fut jamais retrouvé et est encore dissimulé dans les gorges de la Fou. Alors, envie de faire un tour dans les parages ?
Détail technique : si vous ressentez le besoin de vous arrêter, ou que vous souhaitez profiter de ce superbe cadre pour pique-niquer, quelques plateformes équipées de bancs et de poubelles (très important) sont rattachées à la passerelle, vous pourrez vous y arrêter pour une durée indéterminée (du moment que vous respectez les horaires d’ouverture et de fermeture hein, ne vous cachez pas sous le banc pour essayer d’entendre le rire des sorcières la nuit venue, ces sont des LÉGENDES).
Si vous rêvez d’arpenter un canyon, d’explorer la flore sauvage et d’avancer au-dessus d’un torrent qui rugit au fond de l’abîme, alors les gorges de la Fou sont faites pour vous ! Si vous visitez ce site exceptionnel en été, pensez à enfiler un pull, mais la température à l’intérieur du canyon est une véritable bénédiction. Par 38 degrés à l’extérieur, j’avais envie d’y rester jusqu’à la nuit tombée !
Si vous avez des questions ou des remarques, n’hésitez pas à laisser un commentaire. Et vous, avez-vous déjà visité un canyon ? Cette expérience était-elle très différente de celle des Gorges de la Fou ?
- Vous saurez tout sur les actualités et lieux à visiter à Arles-sur-Tech en vous rendant directement sur le site de la mairie.
- Vous êtes de passage dans la région ? Ne manquez pas d’aller voir les Cheminées de Fées d’Ille-sur-Têt, ces formations rocheuses intrigantes et grandioses.
Jamais visité de canyon mais ça donne envie ! (A part le rocher coincé là haha)
Oui ces gorges sont magnifiques ! En réalité le rocher était bien calé entre les parois rocheuses (il doit y être depuis un moment !) et le filet protecteur était fixé autour et le contournait, la visite est vraiment sécurisée 😉
Des gorges étranges et une balade hors du temps ; j’ai aimé traverser ce passage temporel, moi aussi par grosse chaleur ( 36 degrés en plein été) et c’est super agréable de se retrouver dans les gorges à 18 degrés ! Une balade inoubliable et fascinante !
Hello leeloo, merci pour ce retour ! C’est vrai que l’on se sent coupée de toute civilisation lorsqu’on se retrouve entre ces parois si imposantes 🙂